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Publié le 10 novembre 2020

Caillassages des bus Tango : « Dévier des transports en commun, c’est supprimer du service public »

 

 

Suite aux caillassages répétés des bus Tango dans le quartier du Chemin-Bas d’Avignon, à Nîmes, Franck Proust, président de Nîmes Métropole, en relation avec l’opérateur Transdev, a décidé de ne plus pratiquer la déviation systématique des lignes concernées pour assurer la continuité du service au public. Pour échanger sur cette décision, – avec le concours de la Ville de Nîmes et de l’Etat –, il a réuni, lundi 9 novembre 2020, les principaux représentants d’organismes acteurs du quartier au centre André Malraux. Au cœur des échanges : les solutions à court et moyen termes.

« Je suis en train de faire un exercice difficile, a commencé le président de Nîmes Métropole. Comment assurer la continuité du service public tout en protégeant nos chauffeurs de bus ? » C’est un cri d’alarme qui est lancé face aux incivilités grandissantes alors que le quartier est à l’aube de projets majeurs destinés à le redynamiser : l’arrivée de la ligne T2 et le Nouveau projet national de renouvellement urbain de l’agglomération nîmoise (NPNRU).

« Il faut essayer de régler les problèmes maintenant afin que l’embellissement du quartier soit le plus profitable à tous », a ajouté Jean-Marc Campello, Vice-président de Nîmes Métropole, Délégué aux mobilités et Conseiller municipal de la Ville de Nîmes. Tous les acteurs et représentants associatifs du territoire l’ont reconnu : ces projets sont essentiels pour l’avenir du quartier, mais quelles solutions à court terme pour assurer le maintien des transports en commun, indispensables aux habitants – surtout les plus démunis en plein confinement –, et au développement économique ?

Face à des groupes de « jeunes de 13-14 ans qui s’amusent de manière inconsciente sans réfléchir aux conséquences », comme l’a souligné Richard Schiven, Délégué à la sécurité de la Ville de Nîmes, Nîmes Métropole et son opérateur Transdev ont d’ores et déjà mobilisé les moyens humains suivants :

  • 30 vérificateurs (dont 6 chefs d’équipe), sont actifs de l’ouverture à la fermeture du réseau 
  • 2 équipes sillonnent le réseau le matin (période la plus calme sur le réseau) ; 4 équipes sont positionnées en après-midi et soirée, et ce, jusqu’à fin de service. NB : les effectifs de sous-traitance viennent s’ajouter à ces effectifs (+ 6 agents) ;
  • 8 agents de médiation assurent la prévention dans les établissements scolaires, accompagnent et sécurisent les courses les plus tendues. NB : Depuis deux mois, les agents de médiation accompagnent les deux dernières courses des lignes 2/3/T2 suite à des recrudescences d’incivilités, particulièrement sur les lignes 2&3 (peu d’incidents sur T2).

NB : Par ailleurs, il est à noter que depuis son arrivée, Transdev multiplie les actions de prévention et l’accompagnement de jeunes des quartiers : accueil de jeunes en stage de 3ème, tutorat de jeunes des quartiers pour les accompagner dans leur cursus scolaire, etc.

 

Or l’agglomération n’a pas de compétence en matière de sécurité et de maintien de l’ordre. « Mais je veux que nous dialoguions ensemble car nous ne pouvons accepter qu’une minorité nuise à la majorité des habitants du quartier. » La position du président de Nîmes Métropole, partagée par tous les présents, est que la loi de la République n’est pas celle du plus fort ou du plus violent. L’Etat de droit prévaut.

D’où cette réunion de sensibilisation sur la sécurité des chauffeurs et des usagers, et les moyens à mettre en œuvre pour maintenir le service au public. « Les transports en commun sont la liberté des plus précaires », a martelé François Courdil, Président du Conseil de quartier et Adjoint aux centres sociaux et à la politique de la Ville de Nîmes, qui a salué l’initiative de Nîmes Métropole vis-à-vis des habitants du quartier.

Mais ce service ne durera peut-être pas car si les chauffeurs se sentent en danger, le Code du travail les autorise à faire droit de retrait, c’est-à-dire à ne pas travailler lorsqu’ils estiment courir un danger grave et imminent pour leur vie ou leur santé sur leur lieu de travail. Franck Proust s’est d’ailleurs rendu mardi 10 novembre au dépôt Transdev, à Nîmes, pour échanger avec les chauffeurs et leurs représentants syndicaux sur la situation : « Ils tiennent bon pour le moment mais combien de temps ? ».

Comme le rappelait la veille Pierre Delannoy, Directeur adjoint de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP Gard) : « La sécurité ne peut être efficace que si c’est une coproduction où chacun doit tenir son rôle ». D’où le Contrat d'objectif départemental pour la sécurité des usagers et des personnels qui sera bientôt soumis à la signature des forces de Police et Gendarmerie, mais aussi de Nîmes Métropole, du Département du Gard et de la Région Occitanie.

Au cours des échanges avec des représentants des habitants, des commerces et du milieu associatif, Franck Proust a reconnu que cette période de confinement est terrible pour tous : « Certes, ces jeunes sont désœuvrés et pensent qu’ils n’ont pas d’avenir. Notre rôle est de leur prouver le contraire, de regarder ce qui a déjà été fait et va être fait. Oui, il y a beaucoup à faire sur ce quartier car nous partons de très loin, et tous ces jeunes sont dans leur droit lorsqu’ils expriment mal-être, doléances, envies et rêves. Mais agresser des bus et des chauffeurs ? Faire peur aux usagers ? Non, cela n’est pas et ne sera jamais acceptable ».

Et de souligner les perspectives d’avenir du quartier, qui dispose d’un tissus associatif dynamique et de nombreux investissements fléchés, tant au niveau des transports que de l’urbanisme : « Nous allons redynamiser Chemin-Bas, a conclu Franck Proust, mais l’enjeu de ce soir est inchangé : il faut aider Nîmes Métropole à ne pas dévier ses bus car si les caillassages persistent, nous devrons protéger nos chauffeurs qui font à ce jour le maximum pour assurer leur mission de service public ».

Pour aller plus loin :

Les chiffres-clefs du transport dans le quartier :

  •  7.400 habitants dans le quartier Chemin bas d’Avignon-Clos d’Orville ;
  • Environ 2.000 habitants utilisent les transports en commun quotidiennement ;
  • Quartier desservi par les lignes 2, 3 et 8 (il s’agit d’un des quartiers les mieux desservis de l’agglomération)

NB : Tout comme pour le quartier Pissevin, le projet T2 prévoit de réaménager de manière significative les différentes voiries de Chemin-Bas d’Avignon qui seront traversées (aménagement de façade à façade), soit les rues Bir Hakeim, Jean Moulin, Felix Eboué, Estienne D’Orve, Pont de justice) > Investissement Nimes Métropole : plus de 5m d’euros.

Les chiffres-clefs des atteintes aux biens et aux personnes du service public :

Sur le contexte, il est à noter que sur 2019, le quartier Chemin-Bas concentre à lui seul plus de 70% des faits d’incivilités constatés. Si l’on redresse les chiffres 2020 au prorata du temps d’exploitation (neutralisation effet Covid), les faits sont même en progression ;

Durant ces 2 derniers mois :

  • 31 évènements constatés dans le quartier :
  • 6 actes d’incivilités ou insultes à l’encontre des conducteurs ;
  • 14 jets de projectiles avec dégâts ;
  • 4 jets de projectiles sans dégâts ;
  • 6 perturbations de l’exploitation ;
  • 1 acte de menace à l’encontre d’un conducteur.

Depuis le début du confinement :

  • 6 véhicules articulés de la L2 ont fait l’objet de jets de pierre avec dégâts matériels ;
  • 4 arrêts concentrent les problèmes : Saint-Dominique, Tassigny, Eboué et Moulin ;
  • Faits relativement rares mais nouveaux : Nîmes Métropole a été confrontée cet été à des phénomènes d’encerclement de bus au sein du quartier.

NB : Le réseau Tango est gratuit pour les policiers en tenue (en fonction et élève de l’école de police) ; Franck Proust a demandé l’extension de cette gratuité aux policiers en civil sous réserve qu’ils se fassent connaitre auprès du conducteur et qu’ils interviennent ou donnent l’alerte en cas d’incident.

Contact :

Les photos de la réunion publique et de la rencontre avec les chauffeurs sont à télécharger ici.

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